Back to top

2010: J'arrête de fumer (1/7)

Champ de cannabis en Inde
Voir plus de : 

Champ de cannabis en Inde

Même si je n'ai fumé que 3-4 bidies en 4 mois pendant mon trip Inde-Népal, j'ai parfois croisé des champs entiers de cannabis. Alors je me suis amusé un peu lors de ce trek au Népal... Bref, comme toutes les fins d'année, on se dit qu'on va prendre quelques bonnes résolutions pour 2010, ce qui permet au moins de faire un bilan de l'année en cours. Arrêter de fumer est la bonne résolution qui revient tous les ans.

Personnellement, j'ai fumé 7 ans avant d'arrêter 4 ans et de reprendre environ 9 mois depuis 2007. Actuellement je fume, mais, comme presque tous les fumeurs, je pense à arrêter. Demain. Ou bientôt. Ou à la fin de mon paquet. Ou pendant les vacances, quand je serai moins stressé. Bref, on remet toujours l'arrêt à plus tard, et finalement on n'arrête jamais. Alors on se dit que pour le passage à 2010, on remet tout à plat, on repart à zéro avec une volonté de fer de changer et pourquoi pas arrêter définitivement la clop (et le reste pour certains).

En relisant La méthode simple pour en finir avec la cigarette de l'ex-fumeur Allen Carr, j'ai fait le point sur les effets de la clop. J'ai compris que la dépendance est double:

  • dépendance physique, qui est assez faible en fait: combien d'entre nous se réveillent la nuit pour fumer une clop ? Ça arrive chez certains gros fumeurs, mais ça reste (heureusement) rare. Ce n'est donc pas à priori ce qui nous met en échec lors d'un arrêt; surtout que l'envie d'une clop ne dure qu'une petite minute. S'occuper les mains, se divertir l'esprit ou boire un verre d'eau suffit alors en général pour passer cette envie.
  • dépendance psychologique: c'est celle-là qui est est vraiment importante, et là, il est intéressant de remarquer que le classement (et donc l'interdiction) des drogues s'est faite par rapport à la dépendance physique: plus une drogue est dite dure (comme l'héroïne par exemple), plus la dépendance physique est grande, et plus elle est illégale. Au contraire, plus une drogue est douce, plus elle est légale (comme le tabac), mais en général plus la dépendance psychique est forte. On pourrait se demander à quel point finalement toutes les drogues ne seraient pas globalement dures ? Si l'on tablait sur le nombre de morts, le tabac serait sans doute la première drogue à être interdite: selon L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé), "le tabagisme est la principale cause de décès évitable dans le monde et l'on estime qu'il est à l'origine de 4,9 millions de décès annuels, dont 70% dans les pays en développement"...

Quelques chiffres

  • le tabac est en France la cause de 66 000 décès par an, soit un décès sur neuf (environ 34% des Français fument),
  • le tabac tue trois fois plus de gens que l'alcool + le sida + les autres drogues + les accidents de voiture + les homicides + la maladie de la vache folle + les suicides, tous additionnés,
  • un fumeur sur deux mourra prématurément d'une maladie liée au tabac et perdra en moyenne 8 années de vie (il perd en moyenne 7 minutes par cigarette). Statistiquement, dans un couple qui fume, on peut alors se demander: alors ce sera vous ou votre conjoint(e) ?
  • un fumeur régulier sur deux ayant commencé à fumer à l'adolescence mourra victime du tabac.
Oui je sais ça fait peur, mais il ne faut pas jouer sur la peur, qui est un levier absolument nul pour arrêter de fumer: on peut ainsi critiquer le "FUMER TUE" inscrit sur les paquets de clops, qui, en provoquant un stress vous en fait allumer une...

Connaitre son ennemi

Pour terrasser son ennemi, il faut bien le connaitre. Je ne saurais pour cela que trop vous conseiller de (re)lire le livre d'Allen Carr, et tout ce qui vous tombe sous la main. De nombreux liens sont disponibles dans le pied de page de la galerie Drug(addict). Cela permet de bien comprendre les mécanismes de la cigarette et du tabac en général:

  • les shoots que représentent chaque bouffée,
  • le lavage de cerveau qui nous fait croire que la clop déstresse alors que c'est exactement le contraire,
  • les associations de lieux et situations, comme le café-clop, le joint festif qui nous fait replonger dans la clop...
  • le cercle vicieux non-fumeur -> fumeur heureux -> fumeur malheureux, dont il faut sortir pour redevenir normal...

Pourquoi arrêter ?

Comme je l'ai déjà dit, les conséquences sur la santé ne suffisent pas à faire arrêter. Je crois qu'il faut surtout s'adapter et trouver ses propres raisons et trucs pour arrêter, personnaliser les trucs et astuces: * Mes 3 principales raisons:

  • j'ai perdu mon zen (le café n'aidant pas...). Ça peut paraître naze, mais quand on est un peu à l'écoute de son corps et de son esprit, on peut le ressentir (contractures etc)
  • je suis esclave de la clop, autrement dit absolument pas libre. On a tous fini un jour ou l'autre par faire 20 bornes juste pour trouver des clops un soir ou un dimanche...
  • Je suis fatigué, de manière chronique. Bien sûr, un fumeur dira qu'il n'est pas fatigué plus que ça, jusqu'au jour où il arrêtera et retrouvera sa forme d'avant. Cette fatigue chronique n'aide pas à faire les choses, surtout les trucs chi*** genre administratifs et Cie... Notre confiance en nous est aussi fortement diminuée. On peut se demander comment font les non-fumeurs lors d'un stress ou lors des fêtes: la clop vous manquait avant d'être fumeur ? Vous en aviez besoin ?
* Les autres raisons
  • la santé de tous les jours: sécheresse du nez, de la gorge (un fumeur a 2 fois plus de chance de chopper la grippe...), poumons pris (on s'en rend compte lors d'un jogging par exemple), nez bouché,
  • la santé à long terme: risque cardio-vasculaire (infarctus...), cancer des poumons, vieillissement de la peau du visage, association à un mode de vie à risque (moins de sport, alcool, café...), santé financière (presque tous les fumeurs pourraient se payer une semaine tout compris par an aux Antilles par exemple, s'ils ne faisaient pas partir cet argent en fumée),
  • en vrac: odeur des fringues et de la bouche (et oui: on pue de la gueule ! même si on en a pris l'habitude), glaires dans le cerveau. Ce dernier point n'est pas facile à expliquer, mais c'est un ressenti réel: mon cerveau est envahi par de la glue, il marche moins bien, y voit moins clair et est plus lent... histoire de blocage des récepteurs à Acéthyl choline et histoire de dopamine sans doute...

Casser les idées reçues

  • la clop déstresse: c'est vrai: elle enlève le stress du manque de nicotine, du à la dernière clop que l'on a fumée... Le lavage de cerveau est bien rôdé: on finit par croire que la clop déstresse vraiment, mais ce n'est qu'une intox. Pour se déstresser, mieux vaut respirer un bon coup, faire du yoga, affronter nos démons et agir plutôt que faire du symptomatique et se se faire croire que "une clop et ça repart !"
  • la clop, j'arrête quand je veux: ah, et vous avez déjà essayé ? Combien de temps ? Il faut bien comprendre que quand on fume, c'est pour la vie, sauf si l'on sort du cercle vicieux et qu'on... ne fume plus !
  • je contrôle mes quantités de clops/jour: Ah ah ah. Elle est bien bonne celle-là. Une teuf et on double nos quantités de clops, un gros stress et on explose le budget...

Trucs et astuces

Arrêter de fumer n'est pas aussi facile que l'on croit, et ce d'autant plus si on est un gros fumeur et/ou si l'on a commencé jeune. Aussi, mettre en place des petits trucs peut toujours aider dans l'arrêt:

  • règle absolue: plus jamais de clops ou assimilé: une taf de temps en temps, quand on a un coup dans le nez lors d'une teuf, et c'est le petit monstre que l'on réveille. Le corps a une mémoire, et redémarre au quart de tour. Je pense franchement qu'il est très difficile de ne pas replonger quand on fume une clop de temps en temps, en se disant parfois "juste une" et "de toute façon c'est dégueulasse, donc je ne risque pas de replonger": c'est s'exposer inutilement à une rechute. Ne pas oublier que l'alcool attire la clop... en partie en anesthésiant notre gorge et notre volonté. Cela dit la rechute peut aider à comprendre les mécanismes du tabac, et à casser des idées reçues, à se remémorer comme c'est dégueulasse etc... Pour de très nombreux fumeurs, la rechute partielle fait donc partie intégrante de l'arrêt définitif (un fumeur arrête environ 5 à 7 fois avant de s'arrêter définitivement).
  • prendre l'arrêt du bon pied: on est enfin libre !! Ne ignorer chaque envie de clop, mais au contraire s'appuyer dessus en respirant un bon coup et se dire "quel bonheur d'avoir arrêté et de respirer de l'air pur !!"
  • se passer l'envie en faisant un coup de sport, de didjeridu, de musique, se défouler, boire un verre d'eau etc... Une envie de cigarette ne dure que quelques minutes.
  • changer de mode de vie: manger un peu plus sainement, d'autant plus qu'on a retrouvé du gout (dont une partie vient de l'odorat retrouvé), se remettre au sport, ce qui permet à la fois de ne pas grossir (voire de maigrir), et de se prendre quelques drogues endogènes (produites par notre propre corps) comme les endorphines. Ces dernières sont également libérées lors d'autres plaisirs (faire de la musique, danser, manger, avoir des relations sexuelles...)
  • se remémorer que le tabac n'a aucun avantage, et que l'on n'a strictement rien abandonné ou perdu en arrêtant: c'est tout le contraire, on a tout à gagner ! Santé, argent, confiance en soi et enthousiasme dans la vie...

Un mot sur les pêtards et le cannabis

Pour moi, un pêtard, c'est un peu une clop puissance 10: à la fois pour son effet physique et psychologique:

  • pour le physique, les personnes qui fument sont en général moins actives, même si elles sont persuadées du contraire, car notamment elles ont parfois besoin de fumer pour faire quoi que ce soit. Néanmoins, même si un pet peut entraîner une certaine euphorie, il existe toujours une descente, qui descend en général plus bas que la normale, et c'est justement là qu'on éprouve l'envie, voire le besoin de refumer: bienvenu dans le cercle vicieux des drogues. Inutile de rajouter qu'au niveau des goudrons, c'est aussi puissance 10 (composition plus huileuse, absence de filtre...).
  • pour le psychique, fumer provoque à terme une amotivation, certes très variable selon les personnes et peut-être l'âge, mais nombreux sont les jeunes fumeurs qui n'ont plus envie de rien, ou en tous les cas de rien d'autres que d'en fumer un de plus... Inutile d'évoquer les papiers administratifs qui, s'ils étaient une corvée avant, sont devenus une montagne absolument gigantesque.
  • "le cannabis développe la créativité": on entend souvent cette petite phrase, comme une excuse pour fumer, dans le genre "j'en ai besoin pour créer". Certes, les drogues changent la perception du monde réel qui nous entoure et peuvent nous faire partir dans des trips incroyables, aussi bien en histoires, rêves, dessins etc... Mais se pose souvent le problème de mettre sur papier nos idées psychédéliques et donc de revenir dans le monde réel pour ce faire, ce qui n'est pas toujours des plus simples quand on est dans la 4ème dimension... D'autant plus que la mémoire à court terme, et par conséquent à long terme, a pour ainsi dire disparu. Envolées donc les idées qui nous faisaient triper, ou parfois elles sont devenues vraiment ridicules dans une dimension "normale"...

Pour finir, 2 mots:

  • ne jamais oublier que, si on a décidé d'arrêter, c'est que lorsqu'on est fumeur, toute clop est infecte et que tout fumeur a envie d'arrêter.
  • "la drogue, c'est bien, sauf quand il n'y en a plus".
Poumon: sain contre fumeur

Utiliser cette image ? › Contactez-moi

up