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J174 /// Le trait n'existe pas

J'aurais pas mal de trucs à dire aujourd'hui: il neige, et même si c'est beau, ça ne suffit pas: il fait froid. Et la neige fondu, ça mouille, donc pas de vélo aujourd'hui. Bref. Je pourrais aussi parler de l'exaltation d'avoir tué la petite pute qui est en moi, mais ça, on en parlera plus tard. Ce qui m'intéresse vraiment en ce moment, c'est de rentrer dans le réel en en sortant. Réussir à dessiner une scène, des personnages suffisament réels pour que le lecteur (et moi-même) rentrions dans mon univers irréel. Et c'est en continuant d'étudier la technique de Moebius alias Jean Giraud, mais plutôt Moebius en fait, que je me suis aperçu de plusieurs caractéristiques: avant de les citer, inutile de rappeler que le trait de Moebius lui-même n'a cessé dévolué, et on le voit bien en comparant deux dessins créés à 20 ans d'intervalle. Ensuite, le trait de Moebius est finalement pas si éloigné de ça des trais des anciennes gravures. Enfin, il ne suffit pas d'étudier mais il faut aller au bout de l'étude, par la pratique, et c'est en essayant et faisant des erreurs qu'on trouvera finalement la réponse, si tant est qu'il y en ait une (en tous les cas, il peut toujours y en avoir une à un temps X, pour une personne donnée).
Bref. le trait de Moebius ? J'y viens: d'abord, c'est un trait fin, quasiment tout le temps, même si dans les premiers Moebius, il est un peu plus épais à certains endroits; Exit donc le pinceau et ses gros traits, surtout pour les contours; en effet, dans le réel, les contours n'existent pas. Alors encore moins un gros contour tout épais ! Ensuite, exit le noir ! D'ailleurs, coincidence ou réel abjection pour cette non couleur, dans Inside Moebius, l'auteur se met à vomir du noir pur, comme si c'était la pire des impostures. Et au final, régularité des traits et rapidité déconnectant le cerveau qui réfléchit trop, + étude approfondie et reproduction du réel réel, avant de reproduire du réel imaginé. Parfois des petits points mais assez rarement, souvent expression d'une texture particulière. Toujours des petits traits comme des pointillés, plus ou moins suivis de lignes, à moins que ce ne soit le contraire... ? Et bien sûr, du travail, tous les jours, faisant de la création du jour un moyen d'apprendre , de persévérer, d'affiner son trait et sa technique, et de retourner les erreurs comme des crêpes afin de s'en servir ou de rebondir dessus. Bref, il s'agit ici de l'analyse du trait, et non pas de ce qui se passe pendant la création et encore moins avant ou "à l'intérieur". Et puis nous avons des yeux et des expériences différentes, il ne s'agit donc pas ici de copier ceci ou cela, mais seulement l'envie de se rapprocher du réel dans le dessin, Moebius ou pas Moebius. J'aurais très bien pu parler du graveur Gustave Doré, ce qui me fait rajouter à propos de Moebius: jamais ou presque de croisillions, mais des lignes parrallèles, comme exprimant une 3D.

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