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J364 /// Bilan illustration

Ouch ! J364… J'en ai tellement le vertige que j'ai écrit dans un premier temps 264 au lieu de 364, comme une loutre qui sucerait du révélateur. Mais passons. Je reviendrai peut-être demain sur le bilan barbe, mais dans un premier temps, voyons un peu le bilan “texte + illustration”. C'est ce qui aura été finalement le plus difficile, et à la fois le plus intéressant. Écrire un texte n'est encore pas trop compliqué, et m'a réconcilié avec les maux des mots démodés dans ma petite cervelle. J'ai pu parfois jouer avec, d'autres fois avoir des trous blancs, ou noirs, mais j'ai finalement assez rarement, voir j'avais séché devant la page blanche; car entre l'actualité, ce qu'on croise dans la journée, mes lectures et autres films ou séries, je n'ai quasiment jamais été en panne. Alors bien sûr, ce ne sont que des billets quotidiens sans grande prétention, mais il y a finalement toujours eu matière dans ma tête ou autour de moi pour générer du texte, une histoire, un coup de gueule, un ressenti … poilu. Et si je ne trouvais pas, alors c’était parfois le procédé inverse qui se passait: une idée de dessin ou de BD, et du texte qui se mettait en place, donnant corps et âge au dit dessin, qui s'en trouvait souvent de ce fait modifié par rapport à mon idée d'origine, ayant pris de l'âge, de la cuisse, de la couleur jaunie … Plus d'une fois ce texte est d’ailleurs devenu scénario de BD. Alors est-ce la poule qui fait l’œuf ou l’œuf qui a fait la poule ? Entre ce qui se passe en surface et dans les profondeurs névralgiques de mon cerveau de moineau, impossible de dire. Enfin bref, je voulais quand même aborder sans doute l'élément le plus intéressant de ces 365 jours sasabudiques: la décision d'illustrer (à partir de J076, comme un rappel de mon année de naissance) les textes. Et surtout, ajouté à la régularité quotidienne, le fait que cela m'ait fait progresser pas mal dans le dessin, mais pas que: comme je le disais, c'est finalement aussi l'inspiration que j'ai travaillée pendant 365 jours. Et du coup, j'ai pas mal étudié les autres styles, notamment ceux de Mœbius, Charles Burns, Frédéric Peeters, Blutch, Nate Van Dyke, mais aussi finalement n'importe quel auteur illustrateur que j’ai lu ou croisé sur le web. En cela mon œil a changé: je ne regarde plus, je scrute, je détaille, je dessine à la place de, je déshabille. Tout. Les traits, la technique, les objets, les femmes et parfois les hommes, je dépoile les chiens et chats, je déconstruis les cathédrales, démonte les bus, découpe les bateaux … Tout ça pour finalement récupérer tous les petits bouts et essayer de reconstituer quelque chimère sur mon propre papier.
Et en parlant de papier, c'est comme le reste, ça a évolué: du papier basique 90g/m2 au 300g/m2 , d'abord cellulose puis coton, en passant par le papier japonais 32g/m2 , les skates, la linogravure et bientôt la gravure sur bois, les boites à fromage vintage … Bref, je ne m'effraie plus de trop d'une technique,d'un support, d'une idée de dessin ou d'un format: j'ai ouvert la porte des possibles. Cela aura été possible grâce au travail fourni, à une certaine productivité, une expérience qui ont augmenté ma confiance en moi, aidé aussi en cela par un esprit plus clair suite à l'arrêt des drogues en général (café, alcool, cannabis, même si c'était de toute façon devenu très rare), mais aussi et surtout parce que je n'ai plus peur de faire des erreurs. Et même, je suis content de les faire ! C'est en grosse partie grâce aux erreurs que l'on progresse, et aussi au fait que l'on ose faire des trucs périlleux parce qu'inconnu (matériel, idées, sujet, décor …) . Bref, en parlant de l'erreur, je me suis rappelé en écrivant ces lignes que Mœbius en avait parlé dans son autobiographie: “l'utilisation de l'erreur … son exploitation positive (…). Dans mon travail, j'utilise l'erreur pour en faire une signature. Mais pour que cela reste valable, je suis en permanence dans une recherche pathétique d'une perfection jamais atteinte”· Et c'est clair que je compléterais humblement par le fait que s'aventurer sur des territoires inconnus et se planter est à l'origine du progrès: vous détestez ou ne savez pas faire les cheveux ? Les mains ? Eh bien cela peut devenir votre signature: pas de pieds (jambes se terminant en pointe par ex.), pas de cheveux etc … Mais se forcer à les faire va faire progresser d'une part, et donner une signature, un style propre à ces éléments: une manière de faire. Et cela peut même devenir à force une partie essentielle de notre travail, comme les cheveux par ex., alors que d'autres parties seront plus négligées ou plus communes à d'autres illustrateurs. Enfin bref: essayer, tous les jours, d'être moins mauvais que la veille, cultiver l'erreur afin de se nourrir de ses fruits, sur des cépages divers et variés, avec des instruments là aussi variés, comme des tests, en allant voir de temps en temps ce que cultive le voisin, où et avec quels instruments. Se rappeler que vivre est avant tout un essai, et que chaque jour apporte son lot de cheminement. Chaque chemin est le bon, futil mauvais …

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