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Manga: histoire et univers de la bande dessinée japonaise

Manga (Jean-Marie Bouissou)

Manga: histoire et univers de la bande dessinée japonaise • Jean-Marie Bouissou

Manga: histoire et univers de la bande dessinée japonaise est un indispensable pour toutes celles et ceux qui s'intéressent au manga ! L'universitaire Jean-Marie Bouissou y explique comment le manga est devenu une industrie puissante qui a su fidéliser des générations de lecteurs, et ainsi devenir un média à part entière, reflétant les mentalités collectives japonaises.

Manga: le cliché Shōjo et Shōnen

Quand on dit manga, la première image qui nous vient à l'esprit est souvent une tête triangulaire avec des yeux énormes, des cheveux en pics, pas de menton et un nez minuscule. Mais ce style de manga fait surtout partie de la branche Shōnen et Shōjo, respectivement les mangas pour les jeunes garçons et les jeunes filles. Mais ce serait hyper réducteur de ne se limiter qu'à ce type de manga, tant ces "bandes dessinées à la japonaise" ont exploré tous les univers possibles.

Manga: le poids du passé

Dans le livre de Jean-Marie Bouissou, on y apprend également que les mangas ont longtemps fait référence (et continuent) au passé du Japon, notamment à travers le bombardement nucléaire (Nagazaki et Hiroshima), la défaite (de la deuxième guerre mondiale), et l'invasion par des étrangers américains armés de lourdes machines ± technologiques. Tout cela se traduisant dans les mangas par des apocalypses à la Akira (de Katsuhiro Ōtomo), mais aussi des invasions quelconques, notamment extra-terrestre (Goldorak), et la mise en place de mangas dont les héros (ou les ennemis) utilisent des robots, parfois énormes.

Manga et dynamisme

Le découpage des cases, hormis le sens de lecture inversé, présente ses spécificités et rien n'est laissé au hasard, enfermant des personnages dans des cases exiguës, ou se permettant parfois, comme chez les jeunes générations d'illustratrices, de ne pas découper en cases des pages relevant du rêve ou de l'émancipation. Vous allez me dire oui mais dans la bande dessinée franco-belge aussi ça existe, hé ben d'une part, pas tant que ça, et pas aussi développé (ce n'est qu'un avis). Enfin, les traits dynamisant les actions, comme les traits concentriques, expriment les mouvements, l'étonnement, et jouent fortement dans le rythme et le suspens. Ces traits permettraient aussi parfois de se passer de décors plus longs à faire, et de se concentrer sur les personnages et dialogues.

Manga: spécificités des livres

Les mangas sont presque exclusivement de petit format et en noir et blanc (et donc peu onéreux: environ 8€ vs 12€ pour une BD), ce qui est compensé par un nombre de pages souvent proche des 200, permettant de développer les caractères des personnages, le découpage des actions... Du fait du petit format, le nombre de cases est donc moindre, dépassant rarement 6 cases par page. Enfin, les mangas sont souvent des séries découpées en volumes, eux-mêmes découpés en chapitres; on pourrait presque parler de romans graphiques avant l'heure...

Manga: le style du trait

Hormis le style particulier destiné au Shōjo et Shōnen manga, le trait est basiquement tracé avec des plumes G (G pen) et maru, respectivement pour des déliés à épaisseur variable et des traits très fins. Bien sûr chaque auteur peut avoir son style propre et utiliser le pinceau par exemple, mais le système de production avec plusieurs petites mains travaillant sur la même série tend à standardiser le trait, même si certains mangakas se démarquent, comme Mizuno Junko dans Pure Trance, avec un style très graphique. Comme il n'y a pas de couleur, les ombres et variations sont souvent faites avec des trames (petits points, quadrillage...), et les détails de certains décors sont parfois très poussés, à la limite de la photo (NonNonbâ ou Kitaro de Shigeru Mizuki).

Manga: de la liberté sexuelle

Hormis, là encore, le cliché de la petite culotte à tout va, il y a eu une réelle liberté sexuelle dans les mangas, à deux niveaux: pendant que les bande dessinées européennes et les comics américains subissaient la censure, le manga était très libre de montrer ou de parler de scènes osées, même s'il s'est fait rattrapé par la suite par la censure, se souciant notamment de son image délurée auprès des autres pays alors qu'Akira avait ouvert la voie à l'exportation du manga (d'où les pastilles cachant les pénétrations, ou les femmes infantilisés sans poils pubiens, car interdits par la censure). Mais la liberté sexuelle ne s'arrête pas là, puisque l'homosexualité est largement acceptée au Japon, existant déjà entre certains samurais à l'époque d'Edo.

Et plus encore...

Après cette courte présentation non exhaustive, sachez également que les mangas ciblent des tranches d'âge, des genres (homme ou femme), et des milieux en s'adaptant à chacun, ce qui fait qu'on peut aussi bien trouver des séries sur le vin, les yakuzas, la science fiction, le romantisme à l'eau de rose, la boxe, la guerre, la cuisine, les yôkais, les samurais... Enfin bref, impossible de ne pas trouver chaussure à son pied. Je viens de lire Soil de Atsushi Kaneko (dispo à la médiathèque): au niveau étrange, Charles Burns n'a qu'à bien se tenir...

manga: sexe et pastille
manga: détails dans le décor
manga: détails dans le décor
manga: détails dans le décor
manga: découpage
manga: trait dynamisant
manga: style alternatif
manga: style alternatif
manga Soil: étrange
manga Soil: étrange
manga Soil: étrange

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