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Test du Fatboy Specialized

Ce matin, j'ai testé à nouveau le Fatboy Trail, un fatbike de chez Specialized. Ce nouveau test, sur mes singletracks préférés français était l'occasion de voir si le Fatboy peut être mon seul VTT, et de le comparer au Fuse Specialized fraichement testé la veille sur des singletracks suisses d'enfer.
Le Fuse est en 27,5" x 3" (= 27,5+ = B+) alors que le Fatboy Trail est en big fat”, 26" x 4,6".
Alors ? B+ ou big fat ??

Fat bike: régler la pression, un impératif !

Le Fatboy Trail, je l'avais donc déjà testé... enfin presque ! D'une part, j'avais laissé la pression de 0,8 bar mise par Joliat cycles (Suisse, Courtételle), et en plus, on n'avait trouvé que des “chemins blancs” et les montées étaient goudronnées, autrement dit : pas vraiment du vtt ! Bref, d'où ce second test.

Un mot sur la pression des pneus: 0,8 bar. Ça peut paraître peu dans l'absolu, mais ça ne veut rien dire du tout : aussi bien sur un vélo de course c'est ridicule, sur un vtt basique c'est sous gonflé, mais sur un fat bike en 4,6", c'est... surgonflé ! Ben oui, ou en tous les cas pour ma vieille carcasse de 68kg tout mouillé. Or, tester un vtt -et encore plus un fat bike- en dehors de sa plage d'utilisation normale, c'est risquer de trouver le vélo nul, lourd, sans intérêt, un peu comme finalement tester un DH en X-country en bloquant les suspensions, ou l'inverse. Franchement, je me demande bien qui pourrait, à la sortie d'un tel test, trouver que le vtt testé est "super"...

Un fat bike sur-gonflé est bridé : c'est comme tester un DH dans les Alpes avec les suspensions bloquées

Bref, si on règle les suspensions d'un vtt tout-suspendu en fonction du poids du rider et du terrain, on devrait aussi régler la pression des pneus d'un fat bike sur les mêmes critères, sinon on a tous les inconvénients du fat bike (poids, rebondi des pneus) sans avoir les avantages (adhérence, confort): au bout du compte, le testeur est déçu et dit comme beaucoup: le fat bike, c'est nul !

Si t'as du rebond, c'est que c'est pas bon !

Donc premier point important avant et pendant le test d'un fat bike: adapter la pression à votre poids et au terrain. On peut bien sûr rester à 0,8 bars le temps de faire la route pour regagner le spot d'essai, ce que j'ai fait ce matin, mais ensuite il faut adapter cette pression, entre 0,3 et 0,8 bars (voire ±1 bar si vous êtes très lourd et/ou terrain très cassant, pour éviter de toucher les jantes). Tant qu'il y a une sensation de rebond désagréable, on est trop gonflé. la bonne pression doit donner une sensation de confort sans rebondi exagéré (il en reste parfois un petit mais négligeable), avec vraiment beaucoup de grip. De toute façon on “entend” tout de suite la différence: on entend le contact avec le sol. Évaluer la pression avec un manomètre adapté aux basses pression (sinon c'est pas assez précis), ou avec le pouce / poing. À la fin de la sortie, je suis à 0,5 bars et c'est quasiment parfait ! Je n'ose pas descendre plus bas car je n'ai pas de manomètre et que c'est un vélo de test, mais sans doute que 0,3 - 0,4 bar aurait été encore plus adapté: eh oui, en fat bike, 0,1 bar de différence peut changer le comportement du vélo !

Le fat bike est-il lourd(ingue) ?

Ouais ouais, ça devient presque une rengaine, un cliché: le fat bike, c'est lourd. Et en plus, les gros pneus , par leur volume, donne une sensation de lourdeur avant même d'avoir essayé le vélo, et c'est bien dommage car finalement, tout ce volume, c'est surtout de l'air ! Moi, j'y vois plutôt du confort et de l'amusement...
​Bref, j'a décollé à 9H pour le Pont Sarrazin (Dampierre les bois, Beaucourt, Monbouton, Vandoncourt, Dasles), un tour que j'ai fait la dernière fois avec mon vélovni. En rentrant en forêt, c'est direct du faux-plat montant, et là les jambes tirent un peu: OK, j'ai la sortie de la veille dans les jambes, mais bon, les 16kg du Fatboy Trail doivent y être pour quelque chose... Sur le forum de Vélo vert, un rider a écrit :

un rider devrait rouler avec un bike à 20% de son propre poids

Donc c'est bien ce que je ressens: un fat à 13,6kg serait pile poil pour mes 68kg. Bon, ce calcul est à faire avec son poids de forme, sans les kilos superflu bien sûr... Des fat bike à 14kg, ça se démocratise, mais ils ne sont pas légion, tout en étant chers (souvent ≥ 2000€). Eh ouais, dans un fat bike, tout est plus large: pédalier et son boîtier, fourche, hauban, jantes, pneus, chambre à air, cintre (ah non, rien à voir avec les fat, quoique en général quelques cm en plus, c'est pas superflu pour virer de bord en gros pneus).

Bref, c'est lourd (et il y a beaucoup de frottement au sol, on y arrive), mais c'est pas non plus la mort, car compensé par le fait que les fat ont en général un cadre rigide, hardtails + Bluto pour beaucoup mais aussi des tout-rigides: pas de perte d'énergie dans la suspension arrière ou avant (un poil de perte dans les pneus). Et puis, cette sensation de lourdeur se fait surtout sentir en montée, voire en relance sur du plat, mais ce n'est pas non plus catastrophique: en montée on peut aller mieux/plus loin grâce au grip et sur le plat c'est plus joueur et confortable... Et sur la route... ben, euh... qui fait du vtt pour aller sur la route ? Mais ça se passe très bien aussi, tout en jouant sur les rebords.

Fat bike: fourche à suspension vs fourche rigide ?

La Rock Shox Bluto RL du Fatboy a 80mm de débatrement, avec peu d'amortissement: est-elle vraiment utile sur un fat bike ? Les pneus Ground Control en 4,6" ont une hauteur identique = 80mm : avec leur déformation, il font en théorie plus ou moins le même boulot (au max, en tapant la jante) que la fourche.

Mon terrain de jeu passe sous les sapins, où il y a pas mal de racines. C'est là que j'ai testé la RockShox Bluto: en prenant les mêmes chemins avec la bluto active, puis bloquée (compression au max). Il y reste un mouvement résiduel, négligeable par rapport à la déformation du pneu avant. C'est sûr la Bluto sert à autre chose qu'à amortir des racines, mais c'est là qu'a débuté le test.

​Avec la Bluto active, ça secoue moins donc on se fatigue moins tout en allant plus vite. Si on met du poids sur l'avant (en danseuse dans les racines ou la caillasse...), c'est plus confortable, et inversement quand elle est bloqué: ça secoue un peu de l'avant. Mais avec un fat, c'est pas normal d'être secoué: je dégonfle mes pneus par pallier, entre les essais, notamment de l'avant du coup. Arrivé à ± 0,5 bar, le nouvel essai est concluant: avec la bluto bloqué, les pneus amortissent beaucoup plus les racines. Mais pas que: sur une mini-bosse que gommait la Bluto, le fat s'envole... Ah, c'est donc ça: je retrouve davantage de contact avec le terrain; les pneus fat gomment les éléments négatif comme les racines et caillasses, mais procurent (en tout rigide) davantage de contact avec le terrain qu'en tout suspendu... en “tout-mou” diront certains.

Donc tout dépend de ce que l'on recherche et du terrain, mais le pneu fat à l'avant sans fourche à suspension (pneu de 4,7" quand même, autrement dit du “big fat”) me semble le bon compromis (pour mon propre trio niveau-terrain-ressenti): éviter les suspensions (et donc le trio poids-prix-entretien) en privilégiant des gros pneus pour gommer les vibrations fatigantes (caillasses/racines) tout en gardant un bon feeling avec le terrain.
Je me demande à présent comment c'est d'avoir une vraie fourche rigide au lieu d'une Bluto bloquée... sans doute gagne-t-on en rigidité et donc précision de pilotage...? Sans parler du poids.

Le fat bike a-t-il plus de grip ?

Oui et non ^^'. En fait, ça dépend. Mais, diable, de quoi ? Ben de la pression pardi. Encore une fois, si l'on est à 1,4bar (le maximum préconisé sur la jante du Fatboy), on doit avoir un peu plus de grip qu'un vtt normal, mais pas énorme. Mais si l'on est dans une pression d'utilisation normale du fat bike, entre 0,4 et 0,6 bar, ça gripe à mort !!
Je m'en suis rendu compte au fure et à mesure de la balade, en essayant de faire décrocher le bike dans les virages. Ben non, ça décroche toujours pas, malgré que je penche, que le sol soit plat et boueux (pas trop): je reste collé au terrain. Davantage je dirais que le Fuse en 27,5+. Normal mon cher Watson: plus de surface de pneus en contact avec le sol = plus d'adhérence !

Mais ce n'est pas seulement dans les virages que l'on constate cela: bien sûr, sur du plat ou de la route, c'est cela qui fait du fat bike un vélo moins rapide (mais deux coups de pompe et c'est fini), mais aussi:

  • dans les montées demandant un peu de grip (raide, caillou, racines ou les 3 en même temps), les départs sont beaucoup plus simples qu'avec le Fuse 6fattie: plus d'adhérence, moins de perte de contact avec le sol et vélo plus stable. Si si, la surface de contact, avec son pneu qui s'applatit donne de l'équilibre: dans une montée raide, j'ai moins tendance à partir dans le décor à droite ou à gauche avec un fat bike.
  • dans les descente, le grip est ressenti dans les virages bien sûr, mais aussi au freinage: quand on sait que le plus important est le freinage avant (le diamètre du disque avant fait généralement 20mm de plus que celui du disque arrière) et que le freinage est fonction de la surface de contact du vélo avec le sol, on ne s'étonne plus que ça freine du tonnerre et que pour avoir besoin de freiner au point de bloquer les roues, il faudrait vraiment freiner trop tard, trop fort, sur une pente trop raide, trop boueuse etc. Bref, j'avais déjà remarqué cela avec le fattie Fuse, mais là sur une descente raide un peu humide c'est flagrant ! Je serais donc vraiment étonné que le format + ne devienne pas la norme (si ce n'est déjà fait) en DH et enduro et trail. Cette possibilité de freiner sur le tard est sécurisante, et donc le fat peut être plus rapide...

Le fat bike est-il confortable ?

Idem ! Ça dépends de la pression, du terrain, du poids du rider et aussi de son style. Mais oui, une fois que l'on a éliminé le rebondi des pneus en ajustant la pression, le fat bike devient très confortable, notamment dans sur les chemins caillouteux (cailloux dans la terre ou caillasse type Ardèche) et les racines. Sur terrain cassant genre grosse marche etc... il vaut mieux sans doute un suspendu (quoique, c'est ensuite au rider d'amortir). Pour le style, eh bien ce confort et l'effet sécurisant du fat ont tendance à faire faire des tout droits au début (genre “rien à foutre”, puis on pilote un peu plus pour jouer avec le terrain ou avoir davantage de sensation, de vitesse...

Sur les rigoles traversant les chemins, j'ai tendance à lever l'avant et à passer en roue arrière, et là le Fatboy est bien aussi, malgré qu'il soit en hardtail: le pneu arrière à la bonne pression amortit très bien, comparé à un 26" traditionnel, mais aussi à un 27,5+. Le Fatboy a le même confort avant que le Fuse puisqu'ils sont suspendus les deux, mais sur l'arrière, rien à voir: le Fatboy l'emporte haut la main !

Le fat bike est-il rapide ?

Oui et non... hu hu hu... Ce qui est sûr, c'est que l'adhérence est là, alors forcément, on peut passer plus vite certains virages, mais aussi certaines montées et certaines descentes (voir ci-dessus) car le freinage est très bon.

Comme le confort est augmenté, on se fatigue moins à certains endroits, donc au final on passe plus vite, mais c'est aussi le cas des caillasses et racines, encore plus si elles sont en montée raide: les pneus fat les avalent et on est un peu sur coussins d'air...

De même pour les plus gros obstacles qu'il faut enrouler (le gros argument positif du 29"): le diamètre des roues du Fatboy est supérieur à celui d'un 27,5+. Si on met de coté la déformation du pneu, on est alors sensé enrouler les obstacles plus facilement avec un fat bike qu'avec un 27,5+. En pratique ça ne doit pas être très éloigné, sauf qu'en B+ ça doit secouer un poil plus.

Mais, car il en faut un, les fat bike sont en général un peu lourd. Ajouter à cela une plus grande adhérence et dans les chemins roulants (montants ou plats), ils sont un peu plus durs à tirer. Mais encore une fois, il suffit qu'il y ait de la caillasse ou des racines pour que l'inverse se produise: ils deviennent rapides, ou juste plus confortables.

Le fat bike est sécurisant: entre son bon freinage, son grip et ses pneus confortable gommant les irrégularités du terrain, on passe en général plus vite dès qu'il y a des caillasses, racines, ornières... par rapport au Fuse en 6fattie. Mais c'est aussi vrai pour des descentes techniques très raides: je ne flippe pas de me lancer car je sais très bien que je freine bien, que j'absorbe les cailloux ou bosses qui pourraient me prendre en défaut et que j'enroule les obstacles avec la taille de roue identique à du 29".

What else

Quand je me met en danseuse, le cintre large est parfait et je ne sais même pas comment je faisais avant avec un petit bâton...

Le monoplateau permet aussi le franchissement d'obstacle comme des troncs d'arbres pas trop gros, car la garde au sol est augmentée: fini de toucher le grand/moyen plateau !

Pourquoi acheter un fat bike ?

  • pour le couple simplicité/confort: les fatbikes sont confortables, notamment dans les racines/caillasses, sans faire appel à un cadre suspendu (fourche télescopique / amortisseur arrière) qui implique en général un prix élevé, un entretien, des réglages, un poids accru. Mais cela demande de reporter son attention/euros/poids vers les pneus, leur pression, leur nombre de trame (tdi), leur largeur etc.
  • pour le fun: ça a de la gueule (opinion propre), ça sécurise et on s'amuse
  • à cause du terrain: caillasses/racine partout, mais terrain pas trop cassant ou pas trop de dénivelé, sable ou neige
  • c'est passe-partout: grâce aux pneus fat et à la taille des roues équivalente au 29 ›› exploration hors sentier, bikepacking, traverser la forêt en coupant tout droit...
  • c'est évolutif : si bases arrières pas trop courte et fixation de la roue arrière variable, on peut adapter du 29+, 27,5+, une bluto etc.

Inconvénients du fatbike

  • c'est lourd ou cher: on trouve des fat bikes pas cher partout mais il pèse lourd. Si on veut un fat bike à moins de 14kgs,il faut y mettre plus de 2000€, ou l'acheter d'occasion (mais il y en a peu à ce poids là). Alors forcément lors de relances, de montées simples, sur la route, on a tendance à ressentir un peu le poids. Après cela dépend de ce que l'on recherche: la performance, le jeu, la randonnée sportive, la balade... Personnellement, je suis prêt à franchir le pas, éventuellement en y mettant le prix pour avoir un fat rigide autour de 12-13kg. Je sais que je perdrai très peu de temps ou de sensation dans les relances, et que je franchirai mieux certaines montées grâce au grip des pneus, tout en ayant les avantages du grip, du confort, de la simplicité...

Bilan

En fait, tout est une histoire de compromis, de point de vue, de réglage etc...: il n'y a pas de vérité absolue du style le fat bike est plus ceci ou cela dans telle condition; il suffit qu'il soit surgonflé et l'adage devient faux. Il suffit que le rider soit d'un top niveau ou inexpérimenté pour que tout s'inverse: un rider limité techniquement passera sans doute plus vite avec un fat. Un rider top niveau ne le trouvera pas forcément lourd parce qu'il aura les jambes qu'il faut, ou au contraire le trouvera lourdingue parce qu'il a l'habitude de rouler sur des bikes de 11kg, ou que dans sa tête, le poids est très important, ou qu'il associera le volume des pneus avec du poids, alors que finalement ce volume, c'est surtout... de l'air !
Bref, en tous les cas, je trouve le Fatboy quasiment parfait (encore une fois avec mon niveau / pratique / terrain de jeu). Pour être totalement parfait, il me faudrait 2kg en moins, une potence courte, un cadre acier avec plus de fixation et une fourche rigide: c'est pour cela que je me dirige vers un Surly Ice Cream Truck ops à la carte (ou d'origine mais je peux faire une croix sur le monoplateau, le tube de selle télescopique, les 2kg en moins...).
Le Fuse, en comparaison, n'amortit pas assez de l'arrière, a moins de grip, est moins joueur mais plus sportif dans les relances. Son plus gros défaut pour moi: le cadre n'accepte pas les pneus de 3,8"...

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